REFORME DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR PRIVE AU TOGO : Une réforme à faire méthodiquement selon L’honorable Innocent KAGBARA
Chaque année des milliers de jeunes togolais décrochent le précieux sésame leur donnant droit à l’enseignement supérieur universitaire. Les universités publiques togolaises n’ayant pas les capacités d’absorption des nouveaux bacheliers, vu qu’elles sont confrontées à de nombreux défis, l’enseignement supérieur privé vient d’une part combler les déficits de celles-ci.
Bien qu’étant des initiatives privées, ces instituts offrent des services d’utilité publique. Leur contribution dans la formation des cadres togolais n’est plus à démontrer, même si dans le lot, des brebis galeuses existent. Faudrait le rappeler, les Établissements Privés d’Enseignement Supérieur (EPES) offrent des formations mieux adaptées au marché de l’emploi, ces formations sont évolutives et innovantes, dans des cadres d’accueil conviviaux et tenant compte du ratio nombre d’étudiants par enseignant dans la plupart des cas.
Nous saluons l’initiative des réformes entreprises par le gouvernement pour le compte des EPES, notamment la mise en place de l’Agence Nationale d’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ANAQES) dont la mise en œuvre visera à renforcer la crédibilité des diplômes délivrés par les universités et écoles du Togo. Toutefois nous rappelons que les reformes ne doivent pas seulement se limiter à l’enseignement supérieur privé mais doivent être également étendues à l’enseignement public, puisque de ce côté-là les constats ne sont pas souvent reluisants.
Bien que le Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (CAMES) joue un rôle fondamental dans l’amélioration de la formation dans l’espace régional, l’accréditation des diplômes par cette institution est une démarche volontaire et stratégique des EPES, puisqu’aucun cahier des charges du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) fait obligation d’accréditation par le CAMES. Malgré l’aspect onéreux du processus, plusieurs EPES se sont lancées dans cette dynamique pour mieux se positionner sur le marché ; ce qui nous pousse à nous poser la question de savoir si l’accréditation par le CAMES est un gage de qualité dans l’enseignement supérieur ? Dans l’affirmatif, l’on est quand même en droit de se demander pourquoi les diplômes délivrés par les universités publiques ne sont pas accrédités par l’institution régionale ?
Nous estimons, que seul le démarrage des activités de l’ANAQES pourrait réguler les problèmes souvent rencontrées lors des demandes d’homologation de diplôme et certifier la qualité des diplômes délivrés par les universités et instituts. Nous prenons à titre d’exemple le Sénégal et le Burkina-Faso, où la mise en place de structures similaires ait contribué à améliorer significativement le dispositif de l’enseignement supérieur en n’ayant pas recours aux examens nationaux comme le propose le MESR du Togo.
Au regard du service d’utilité publique que rendent les EPES, il devient indispensable que le gouvernement les accompagne dans la réalisation de leurs missions, ceci à travers des initiatives, telles que l’octroi des bourses, une reconnaissance en tant qu’entreprises non commerciales, des allègements fiscaux, etc. Autant d’initiatives qui pourraient aider les EPES à faire face à leurs charges et améliorer les conditions d’études de leurs apprenants.
Nous souhaitons accompagner le ministère dans cette démarche, mais elle doit être inclusive et mûrement réfléchie pour ne pas produire l’effet contraire .