Gerry Taama revient sur le découpage électoral
Le nouveau découpage électoral suscite de nombreuses réactions des acteurs politiques togolais. Gerry Taama Président du NET n’est pas du reste.
“Je vous l’avais déjà annoncé sur cette page. Nous avions voté à l’assemblée nationale une loi organique fixant le nombre de députés, mais c’est un décret qui en définit la répartition par circonscription électorale. Et le jeudi dernier, ce décret est finalement sorti.
Notre
gouvernement a une carence irréversible, c’est son manque de communication. En temps normal, le ministre de l’administration territoriale, porteur des décrets, (il y en a eu plusieurs) organise une conférence de presse pour expliquer les fameux critères (démographiques, géographiques et spécifiques) qui ont orienté ce découpage électoral. Déjà une partie de la polémique se serait essoufflée. Mais bon, ce sont les habitudes de la maison. Il faut faire avec” a regretté l’homme du NET.
Pour lui, l’affaire du découpage à la fin du mois de décembre avec la 9ème session du cpc, qui coïncidait avec l’envoie par l’anc d’un courrier au président de la République.
“La session du CPC introduit donc ce sujet à l’ordre du jour et il est demandé à tous les partis politiques de faire des propositions de découpage. Près de 70 % des partis politiques en font, avec une majorité optant pour 117 députés calqués sur les le nombre communes, tout en disloquant les circonscriptions électorales composées de 2 préfectures. On aboutit ainsi à 39 circonscriptions pour 39 préfectures, au lieu de 30 auparavant. Tout le monde fait des propositions, sauf certains partis dont l’anc, qui signifie qu’il laisse au gouvernement proposer le nombre de députés, et qu’on discutera de leur répartition par circonscription après”, a expliqué Gerry Taama.
Sur quelle base propose -t-on le nombre de députés? A cette question Taama réponds que si c’est un découpage préalable.
“Finalement, le gouvernement proposera 113 députés” poursuit-il.
“En prenant en compte les suggestions de tous les partis. Il faut d’ailleurs noter que la proposition de unir était aussi de 117 députés. C’est donc les avis des uns et des autres qui ont permis de réduire ce nombre initial. Je rappelle que nous étions, nous au net, opposés à ce découpage basé sur la commune et que notre proposition médiane était de 108 députés.
Alors, comment est-ce qu’on arrive de 91 à 113 députés, soit 22 de plus ? D’abord, il y a 9 préfectures qui ont retrouvé leur indépendance, à raison de deux députés par préfecture. On a donc 18 de plus. Le grand Lomé, avec 10 députés avant, a été disloqué et les deux préfectures ont désormais 14 députés. Donc 2+2 hérités de la dislocation. Ça fait 20 députés ajoutés. Il a été décidé que chaque chef lieu de région ait 4 députés. Le seul concerné est Ogou, qui en avait 3, donc ça fait 21 députés ajoutés. Le dernier a été attribué à Blitta. Sincèrement là bas, ça dépasse Baka. Je ne sais pas pourquoi blitta a 4 députés. Ce n’est pas un critère démographique (les lacs sont plus peuplés) . Peut être un critère géographique, mais c’est sur un tel sujet que la conférence de presse aurait été bien.
Quant à nos amis de l’anc, à force de faire les malins et de se faire passer pour les plus intelligents, ils ont fini par se prendre dans leur propre turpitude. Comment demander qu’on fixe le nombre de députés d’abord avant de discuter de la répartition alors que c’est la répartition qui détermine le nombre de députés? C’est quelle affaire ça ? On demande à l’œuf de pondre la poule ? Et ils se remettent encore à parler de gouvernement illégitime au motif que la date d’organisation des élections législatives sont passées. En 2018, quand les élections législatives devraient s’organiser en juin et ont été repoussées en décembre, leurs députés n’ont pas renoncé à leur indemnité à l’époque. Ensuite, vous appelez à des concertations avec un gouvernement que vous jugez illégitime. Ça fait 30 ans que ces habitudes perdurent. Les gens ne sont-ils pas fatigués ?
De toutes les façons, le vin est tiré et il faut le boire. Au lieu de se mettre en ordre de marche, l’opposition traditionnelle séculaire caractérisée par nos aînés de la conférence nationale souveraine de 1991, va encore rester dans son coin à tout remettre en cause on dirait qu’il n’ iront pas aux élections, et au dernier moment, ils iront quand les militants seront démobilisés. Ça fait 30 ans qu’on fait exactement pareil, en espérant que les résultats soient différents.
Bref, j’espère que vous avez enfin compris comment on s’est retrouvé à 113 députés. Aucun parti n’a proposé ce chiffre et ce n’était pas la proposition d’unir non plus. C’est la synthèse de plusieurs suggestions. En vérité, aucun découpage électoral n’a jamais fait l’unanimité nulle part. Et aucun découpage électoral ne prend le critère démographique comme unique critère. Dans plusieurs pays, la capitale fait entre 10 et 25% de la population, mais la capitale ne donne jamais le même pourcentage de députés. Il me faut 3 jours pour faire le tour de l’est-mono là où un député de Lomé fait une demi-journée pour parcourir la ville. Est-ce juste qu’une préfecture difficile d’accès ait moins de députés car étant moins peuplée, quand il est difficile d’atteindre ses habitants ? Où est la justice dans ceci? C’est même pour ceci que l’article 11 de notre constitution est clair :
“Art. 11 : Tous les êtres humains sont égaux en dignité et en droit.
L’homme et la femme sont égaux devant la loi.
Nul ne peut être favorisé ou désavantagé en raison de son origine familiale, ethnique ou régionale, de sa situation économique ou sociale, de ses convictions politiques, religieuses, philosophiques ou autres.” Certains partis politiques citent cet article sans manifestement l’avoir lu. Origine ethnique et régionale. C’est pourtant clair” peut on lire dans la suite de son post.