Médias/Tribune: quel bilan financier pour la presse togolaise en 2024 ? Faut-il continuer ou abandonner ?
Les rideaux de l’année 2024 se ferment dans quelques semaines. Quel bilan moral et financier les journalistes peuvent-ils dresser de cette année ? Faut-il continuer dans la presse ou abandonner et embrasser un autre métier ? Voici des questions que se posent les hommes et femmes de médias.
Difficile de trouver des réponses à ces questions de rétrospection. Le journaliste togolais est lui-même incapable de dresser son propre bilan financier. Puisqu’en réalité le bilan est loin d’être positif, voire inexistant.
Les entreprises de presse sont confrontées à des défis majeurs. La presse dans son ensemble vit une crise économique précaire depuis plusieurs années.
- Le cas de la Presse écrite/papier
La mévente est générale pour les patrons des presses écrites. Malgré cette mévente, il faut assumer quotidiennement, hebdomadairement ou mensuellement les frais d’imprimerie, de montage et de distribution. L’astuce pour d’autres patrons est de négocier les impressions avec certaines imprimeries et de les payer après la réception de l’aide de l’État à la presse.
Sauf qu’il y ait un bémol. L’aide de l’État ne permet pas de pouvoir couvrir les frais d’imprimerie et les charges fixes. Que faire dans un contexte où les contrats publicitaires qui peuvent allèger la souffrance des patrons de presse sont très compliqués, rares à gagner.
Le marché publicitaire est très saturé par un grand nombre de médias. Ceux qui arrivent à gagner ces marchés publicitaires forment un cercle fermé ne permettant plus aux autres d’en bénéficier. C’est simplement dommage.
- Des salaires illusoires
Ayant du mal à joindre les deux bouts, les responsables des médias sont confrontés à une autre situation plus inquiétante : le salaire des collaborateurs.
Aucun patron de presse ne peut prétendre aujourd’hui bien payer ses employés ou collaborateurs. Dans certaines rédactions, les rédacteurs journalistes font plusieurs mois sans toucher le SMIG. D’autres, quant à eux, ont des arriérés de salaire quasiment impossibles à solder.
Le mot « on fait avec » est devenu le slogan des hommes et femmes des médias.
- L’OTR, la CNSS, les autres calvaires, …
Dans un contexte qui ne permet pas au journaliste de vivre de son métier, on exige aux entreprises de presse de se conformer aux réglementations fiscales.
La volonté y est certes, mais les moyens s’y opposent. Après avoir créé une entreprise de presse après une longue procédure de la HAAC, il faut faire face à l’OTR, la CNSS et tout ce qui va avec.
Nombreuses sont ces entreprises qui n’ont pas de quitus fiscal faute de moyens. Nombreux aussi sont ceux qui ont du mal à payer leurs impôts. Pendant ce temps, la CNSS exige que les employés soient déclarés.
Tout comme en politique, le journalisme au Togo ne profite qu’à une minorité. La grande majorité des journalistes sont laissés à leur triste sort.
Un journaliste togolais pourra-t-il construire une maison ? Pourra-t-il s’offrir un billet d’avion de sa propre poche ? Pourra-t-il s’offrir un buffet dans un restaurant ?
Abandonner ou continuer ? La question reste sans réponse.
Frédéric AGBEKO/ NDIINFOS N°41
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Frédéric AGBEKO/ NDIINFOS N° 41