Prof DUSSEY Robert sur Vox Africa: “que ce soit au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Cameroun, en Afrique du Sud, partout, les peuples africains veulent être eux-mêmes…”
Dans une interview accordée ce jeudi 16 janvier à la chaîne de télévision Vox Africa, le ministre des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Prof Dussey Robert, a évoqué les raisons qui poussent le Togo à soutenir les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), malgré le fait que ces nations soient dirigées par des militaires ayant accédé au pouvoir par des coups d’État.
Pour le Chef de la diplomatie togolaise, son pays partage la même vision que le Mali, le Burkina Faso et le Niger : celle d’une Afrique totalement indépendante.
« Ce que je sais de ces pays, c’est qu’ils ont décidé de recouvrer leur souveraineté. Ils sont Africains et ils ne quittent pas un camp pour en rejoindre un autre. Nous, qui fréquentons ces pays de l’AES, ce qui nous lie, c’est que nous avons la même idéologie. Cette idéologie, c’est l’Afrique d’abord, c’est notre pays d’abord. Oui, nous sommes contre l’alignement. La souveraineté d’un pays doit être totale. Aujourd’hui, après 60 ans d’indépendance, nous réalisons que nous ne contrôlons pas nos pays. Donc, quand nous avons la chance d’avoir des pays qui prennent conscience de cela et qui souhaitent se prendre en charge, il est essentiel de les soutenir. C’est ce que nous faisons. Nous sommes proches de ces pays parce que nous partageons la même vision, celle de nos pays et de l’Afrique d’abord. »
Panafricaniste, Robert Dussey estime que l’Afrique ne sera respectée que si les Africains prennent en main leur destin.
« Ce qui nous détermine aujourd’hui, c’est que nous sommes Africains. On ne peut pas s’affirmer en gouvernant nos pays par sous-traitance ou avec quelqu’un d’autre. Nous sommes dans un pays, et c’est tout. »
Interrogé sur la possibilité pour le Togo de rejoindre l’AES, le ministre a répondu que cela est envisageable. Selon lui, le Togo est libre d’appartenir à telle ou telle organisation si celle-ci répond à ses attentes en tant que pays souverain.
« Pour moi, ce n’est pas impossible. C’est d’abord la décision du Président de la République, et c’est également celle du Parlement togolais. Nous avons des institutions togolaises. Comme vous le savez, nous évoluons vers la 5e République, et si le Parlement décide que le Togo puisse rejoindre l’AES, pourquoi ne le ferions-nous pas ? Je vais vous surprendre : demandez aux populations togolaises, aux Togolais et Togolaises, s’ils sont d’accord pour que le Togo rejoigne l’AES. Vous verrez leur réponse. Je suis sûr qu’ils vous diront oui, et plus de 70 % diront OUI, car aujourd’hui, que ce soit au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Cameroun, en Afrique du Sud, partout, les peuples africains veulent être eux-mêmes », a-t-il affirmé.
Le ministre a rappelé que le Togo, dans ses démarches, n’est contre aucun État. Pour lui, le pays de Faure Gnassingbé ne vise que le bon sens, celui qui veut que chaque État soit libre et respecté.
« Nous ne sommes contre personne, nous le répétons sans cesse. Nous voulons être nous-mêmes, mais le problème, c’est que certains de nos partenaires souhaitent que nous soyons à leur service. Nous disons non », a insisté le ministre togolais.
Rolland